Invité par Feve , je me suis rendu aux Rencontres de l’économie régénérative au Grand Hôtel-Dieu à Lyon. Si vous me suivez un peu, mon univers gravite assez loin de la planète économie, écologie ou même agriculture. Pourtant, ces conférences et ateliers ont été pour moi importants et m’ont permis de comprendre des enjeux qui nous touchent tous. Dans ce billet d’humeur je vous donne quelques éléments clés et des pistes de lecture pour vous aussi appréhender ces sujets.
Je ne suis pas un expert de ces sujets, loin de là. Ce billet reflète uniquement mon ressenti et ma compréhension personnelle des enjeux liés à l’économie régénérative. N’hésitez pas à me corriger ou à compléter mes propos dans les commentaires !
Qu’est-ce que l’économie régénérative ?
Selon BPI France, “l’économie régénérative ouvre les perspectives d’une meilleure prise en compte des limites planétaires”. En d’autres termes, il s’agit d’un modèle économique qui vise à adopter une vision systémique où les limites écologiques, sociales et économiques sont prises en compte pour créer de la valeur à long terme.
Aujourd’hui, notre système économique est principalement basé sur un modèle linéaire : extraction, production, consommation, déchet. L’économie régénérative propose de passer à un modèle circulaire où les ressources sont utilisées de manière plus efficace, les déchets sont minimisés, les écosystèmes sont restaurés et les produits sont compatibles avec le vivant.
La dernière brique de cette approche est le social : il faut placer l’humain au centre des préoccupations économiques, en veillant à ce que les bénéfices soient partagés équitablement et que les communautés locales soient impliquées dans les décisions.
Un mot sur les conférences et ateliers
Dans le magnifique cadre du Grand Hôtel-Dieu, j’ai assisté à plusieurs conférences et ateliers animés par des experts et des acteurs engagés dans l’économie régénérative. Voici quelques points clés qui m’ont marqués :
- La diversité des acteurs engagés : entreprises, associations, collectivités, chercheurs, citoyens… Tous travaillent ensemble pour construire un avenir plus durable.
- L’importance de la coopération : il ne s’agit pas seulement de changer les pratiques individuelles, mais de repenser les systèmes dans leur ensemble. La collaboration entre les différents acteurs est essentielle pour réussir cette transition. S’investir en tant que citoyen est aussi un levier puissant de changement.
- Ne pas sous-estimer son impact : chaque action compte, que ce soit au niveau individuel ou collectif. Les petites initiatives peuvent avoir un effet boule de neige et inspirer d’autres à agir. Il ne faut pas non plus attendre que les grandes entreprises ou les gouvernements prennent les devants, ça n’arrivera pas tout seul.
- Il est déjà trop tard. Nous dépassons chaque année les limites planétaires et il faut transformer notre système, pas simplement essayer de résoudre des problèmes individuels.
J’ai volontairement isolé ce dernier point, pour en faire une transition vers la suite de ce billet et aussi le milieu que je connais le mieux : la tech, l’informatique.
Quels liens avec la tech et l’informatique ?
En écoutant les diverses personnes lors de ces rencontres j’ai vu plusieurs parallèles avec le monde de la tech et de l’informatique.
La première, suite au paragraphe précédent, est liée au développement informatique. Quand un bug survient, vous allez chercher à le corriger, et vous créerez un autre bug à côté et ainsi de suite. Si vous n’avez pas de tests vous ne vous en rendrez même pas compte. Le bug est symptomatique d’un problème plus profond dans l’architecture de votre application, corriger le bug ne suffira pas. Il faut repenser l’architecture pour éviter que le problème ne se reproduise. C’est la même chose avec notre système économique : il faut repenser les fondations pour éviter de continuer à créer des problèmes environnementaux et sociaux.
Un autre parallèle est la notion de dette technique. Dans le développement logiciel, la dette technique se réfère aux compromis faits pour livrer rapidement un produit, au détriment de la qualité et de la maintenabilité à long terme. De la même manière, notre modèle économique actuel sacrifie la durabilité environnementale et sociale pour une croissance économique à court terme. Il est temps de rembourser cette dette en investissant dans des pratiques régénératives qui assurent un avenir viable pour les générations futures.
Dernier point important lié à la collaboration : l’open source. L’open source est un exemple de coopération réussie dans le monde de la tech, où des individus et des organisations travaillent ensemble pour créer des logiciels libres et accessibles à tous. Ainsi, on ne réinvente pas la roue tous les jours. De la même manière, l’économie régénérative encourage la collaboration entre différents acteurs pour partager des ressources et des connaissances.
Pour aller plus loin
J’ai été bluffé par la qualité de l’intervention d’Arthur Keller, qui a présenté de manière claire et pédagogique les enjeux du monde actuel dans lequel nous vivons. Bien que je n’ai pas accès au replay de la conférence que j’ai vu, il propose énormément de contenu en ligne, je vous mets ci-dessous une vidéo d’il y a 6 ans mais qui n’a pas pris une ride :
Je vous invite aussi à consulter le site de Feve ( https://www.feve.co/ ) qui est une startup qui finance des fermes pour permettre à des agriculteurs et agricultrices de démarrer ou reprendre une activité agricole grâce à l’épargne citoyenne. Leur approche est très intéressante car elle combine finance, agriculture régénérative et engagement citoyen.
Qu’est-ce que j’en tire pour mon entreprise ?
J’ai récemment co-fondé Subnoto , un outil de signature électronique qui met l’accent sur la sécurité et la confidentialité des données. En tant qu’entreprise, nous avons la responsabilité de minimiser notre impact environnemental et social.
Voici quelques actions que nous avons réalisé :
Offrir notre outil gratuitement aux associations à but non lucratif et ONG. Je pense que c’est un moyen concret de soutenir ces organisations qui oeuvrent pour des causes importantes. Leur offrir notre outil permet de diriger leur budget vers leurs missions plutôt que vers des outils payants.
Être une entreprise en télétravail. En évitant les déplacements quotidiens et en réduisant la nécessité d’infrastructures physiques, nous contribuons à diminuer notre empreinte carbone. En utilisant les bons outils, je suis convaincu que le travail à distance peut être tout aussi efficace, voire plus efficace, que le travail en présentiel, tout en préservant le lien social.
Nous contribuons activement à l’open source. Nous avons récemment ouvert une partie de notre code source sur GitLab ( https://gitlab.com/subnoto/subnoto-monorepo-public ) et nous continuons de contribuer aux divers projets open source que nous utilisons. C’est une manière pour nous de redonner à la communauté et de favoriser la collaboration.
Dans le futur, nous souhaitons aussi explorer comment suivre notre empreinte carbone liée à l’utilisation de notre outil et aux tiers que nous utilisons. À ce jour, notre hébergeur Scaleway est engagé à utiliser de l’énergie 100% renouvelable (éolien ou hydraulique), ce qui est un bon début.
Conclusion
Je suis très content d’avoir participé à cet événement. J’ai l’impression d’avoir à peine gratté la couverture d’un livre très épais, mais j’ai déjà beaucoup appris et je suis motivé pour continuer à explorer ces sujets.
Je vous encourage sincèrement à vous intéresser, non pas seulement à l’écologie, mais à l’économie régénérative dans son ensemble. C’est un vaste sujet, avec beaucoup de nouveaux concepts et néologismes, difficile de faire le tri dans tout ça. Mais c’est aussi une opportunité passionnante de repenser notre manière de vivre et de travailler ensemble pour un avenir plus durable.
